4- Occurrence des résidus de médicaments dans les eaux destinées à la consommation humaine (J-S. Py)
Jean-Sébastien PY, Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, Laboratoire d’Hydrologie de Nancy (54) - Occurrence des résidus de médicaments dans les eaux destinées à la consommation humaine.
La présence de résidus de médicaments dans les eaux de consommation constitue une préoccupation importante pour la communauté scientifique et les pouvoirs publics car plus de 3000 principes actifs à usage humain et 300 à usage vétérinaire sont actuellement disponibles sur le marché français. Ces molécules se caractérisent par une très grande diversité de structures chimiques et d’effets thérapeutiques. Les niveaux de concentration dans les eaux naturelles varient selon la stabilité chimique, la biodégradabilité, les caractéristiques physico-chimiques des molécules et les performances des stations d'épuration.
Dans le cadre du plan cancer, le Ministère chargé de la santé a établi en décembre 2006 une convention avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) afin de mettre en œuvre une étude sur les résidus de médicaments dans les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH). Après une étape de priorisation des molécules ( ), une campagne nationale de prélèvements et d’analyses a été mise en place afin d’estimer l’occurrence de ces résidus dans les ressources et les EDCH sur 600 échantillons d’eaux (300 couples eaux brutes eaux traitées).
Cette campagne nationale a permis de dresser un état des lieux des niveaux de concentration en résidus médicamenteux avec un taux de couverture d’environ 25 % de la population. Parmi la liste de 76 molécules prioritaires, 45 molécules ont pu être dosées avec des limites de quantification comprise entre 1 à 50 ng/L, dans les eaux brutes et les eaux traitées. Parmi ces 45 molécules, 19 ont été détectées dans les eaux traitées avec des niveaux de concentrations cumulées inférieurs à 25 ng/L.
En dépit des difficultés analytiques rencontrées, cette étude a permis de couvrir les classes thérapeutiques suivantes : antibiotiques humains et vétérinaires, anti -inflammatoires non stéroïdiens, cardiovasculaires. Des besoins d’investigations complémentaires ont été mis en évidence pour les anticancéreux, les anticoccidiens, les antiparasitaires et la metformine pour confirmer la forte occurrence de cette molécule observée lors des campagnes régionales.
Ces résultats permettent d’approcher l’exposition des consommateurs aux résidus de médicaments via l’eau destinée à la consommation humaine. Le rapport de cette étude est disponible sur le site internet de l’Anses, www.anses.fr. (www.anses.fr/PMEC007801.htm)